La place des médicaments pendant le deuil - Mieux traverser le deuil

La place des médicaments pendant le deuil

11 décembre 2019 Image La place des médicaments pendant le deuil

Pendant le deuil, trois familles de médicaments peuvent être prescrits : les antidépresseurs, les anxiolythiques et les somnifères. Quand prendre ces médicaments ? Face à quels symptômes ? La réponse à ces questions est à voir au cas par cas. Chaque situation est unique, pour l’un l’urgence sera d’aller consulter un thérapeute, pour l’autre ce sera de prendre un traitement transitoire. Il s’agira donc, pour chacun, de faire preuve de discernement dans la prescription et la prise de ces médicaments. Sachant qu’il n’est aucunement justifié de prescrire de façon systématique des médicaments pendant le deuil.

LES ANXIOLYTIQUES 

Tranxène, Lysanxia, Lexomil, Xanax, Valium… sont recommandés pour calmer les troubles de l’angoisse ou de l’anxiété. Ils peuvent aussi être prescrits en cas de difficulté à s’endormir. 

LES SOMNIFÈRES

Imovane, Noctamide, Donormyl… peuvent être utiles pour bénéficier d’un sommeil réparateur. Votre corps peut avoir besoin de cette aide momentanée pour reprendre des forces, le deuil est tellement épuisant. Sachez cependant qu’il existe de nombreuses techniques qui pourront vous soutenir et vous aider à retrouver un bon sommeil. Parmi celles-ci citons l’acupuncture, les massages, les huiles essentielles, l’homéopathie, la phytothérapie, la naturopathie, la médecine ayurvédique, etc. Toutes ces approches ont l’avantage de ne présenter aucun effet secondaire néfaste pour l’organisme (lire Écouter et soigner votre corps).

LES ANTIDÉPRESSEURS 

Prozac, Deroxat, Zoloft, Effexor… sont prescrits pour traiter les symptômes de la dépression. Ces médicaments ne soignent pas la cause des troubles dépressifs, et ils ne vont pas non plus faire disparaître la peine du deuil, ils agissent seulement sur les manifestations de la dépression. Il convient de préciser que les symptômes du vécu dépressif ne requièrent pas a priori d’être traités par des antidépresseurs, seule la dépression nécessite ce traitement (voir notre article La différence entre vécu dépressif et dépression clinique). Cela est à voir au cas par cas.  

Quand faut-il prescrire des antidépresseurs ?

Prenons le cas, par exemple, d’une maman de plusieurs enfants en bas âge, qui doit reprendre une activité professionnelle pour subvenir aux besoins de sa famille après le décès de son mari. Elle aura besoin d’être rapidement opérationnelle et pour cela de disposer d’assez d’énergie et de concentration pour mémoriser les nouvelles tâches qu’elle entreprend. Ses symptômes de vécu dépressif ne nécessitent pas d’être traités par des antidépresseurs mais sa situation, elle, le nécessite. En prenant en compte la priorité de sa patiente (reprendre une activité professionnelle), le médecin, en accord avec elle, pourra lui prescrire des antidépresseurs de façon transitoire et lui recommander un suivi psychologique.

Ajuster la prescription à la situation

Une autre personne présentant les mêmes symptômes mais ne vivant pas la même urgence professionnelle pourra tirer un plus grand bénéfice d’un accompagnement uniquement psychologique par un thérapeute ou au sein d’un groupe de parole.
Le médecin devra donc être particulièrement attentif et prudent dans sa prescription. Il devra pour cela s’appuyer sur une analyse globale du contexte du deuil de son patient. Quel est le lien de parenté de la personne avec le défunt ? Quelles sont les circonstances du décès ? Y-a-t-il eu des antécédents de dépression ? La personne en deuil est-elle bien entourée ?… Les réponses à ces questions permettront au médecin d’estimer les éventuels risques d’une dépression clinique et d’ajuster sa prescription en faisant preuve de bon sens.

Les antidépresseurs peuvent-ils entraver le deuil ?

De nombreuses personnes prenant des antidépresseurs témoignent de leurs difficultés à vivre pleinement les émotions du deuil. Celles-ci sont comme émoussées, moins accessibles. Pour cette raison les médicaments peuvent être une entrave. Ils peuvent également être un obstacle s’ils sont prescrits à mauvais escient ou au mauvais moment. Prescrire des antidépresseurs à une personne qui présente seulement des symptômes de vécu dépressif n’est pas une réponse adaptée, nous l’avons-vu. Tant qu’il n’y a pas de situation d’urgence, le suivi psychologique ou des traitements alternatifs par des professionnels compétents peuvent tout-à-fait convenir. Pourquoi médicaliser un processus (celui du deuil) qui va naturellement mener la personne endeuillée vers la cicatrisation et la reconstruction ?

Ne pas les prescrire trop tôt ni systématiquement

Bien sûr les antidépresseurs peuvent réduire une partie des symptômes du vécu dépressif mais cela risque d’entraîner le patient sur la voie d’une accoutumance. De l’amener à faire répéter mois après mois une prescription qui n’était pas justifiée dès le départ. En conséquence, la personne endeuillée pourrait être amenée à fuir la douleur du deuil, à la repousser sans cesse alors qu’il est indispensable pour elle qu’elle la traverse pour continuer d’avancer. 
Un autre écueil à éviter est de prescrire systématiquement les antidépresseurs dès les premiers jours du deuil. Un anxiolytique léger serait plus adapté, si tant est qu’un médicament soit nécessaire. 

Une écoute qui favorise l’expression des émotions

Encore une fois tout est question de mesure et d’analyse de la situation de la personne en deuil. Pour cela le médecin devra s’appuyer sur l’échange qu’il aura avec son patient. Cet entretien lui permettra de recueillir des informations précieuses tout en lui permettant de prendre sa pleine place de soignant qui aide et accompagne. Écouter la parole de son patient, l’inviter à dire encore et encore la douleur qui est dans son cœur participe au processus de deuil. L’expression des émotions et la libération de la parole sont des piliers de la guérison. Le médecin, par son écoute, peut beaucoup y contribuer. 

Le médicament est un outil, pas une fin en soi

C’est dans le cadre de cette approche globale du patient que la prescription prend tout son sens. À la fois pour le patient comme pour le médecin qui exerce ainsi pleinement sa fonction. L’antidépresseur est alors un outil qui accompagne ou rend possible la verbalisation de la douleur de la personne en deuil. Il n’est pas une fin en soi. 
À tout moment, il importe que le patient échange avec son médecin sur le sens de la prescription qu’il reçoit, sur sa durée et sur les modalités de son arrêt. Il est fortement déconseillé de suspendre brutalement le traitement de sa propre initiative, cela ne peut se faire que sous le contrôle de son praticien. 

Une approche thérapeutique globale

Les médicaments sont des outils utiles quand ils s’inscrivent dans une approche thérapeutique globale qui prend en compte la réalité du deuil du patient. Le besoin de parler de la personne en deuil ne peut se vivre que s’il y a une écoute de qualité de la part du médecin. Au cours de cet échange, le médecin pourra parler à son patient des autres formes d’aide qui pourront l’aider dans sa traversée : les associations d’accompagnement du deuil, les groupes de parole, les entretiens individuels… C’est dans cette prise en charge globale que le médicament trouve sa vraie raison d’être.

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LA FRANCE, DEUXIÈME CONSOMMATEUR DE BENZODIAZÉPINES EN EUROPE

Dans son rapport 2017 État des lieux de la consommation des benzodiazépines, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) fait le point sur les benzodiazépines, indiquées dans le traitement de l’anxiété, des troubles sévères du sommeil et de l’épilepsie. « Bien que les dernières données montrent une baisse de la consommation de benzodiazépines, le nombre d’utilisateurs en France reste cependant élevé. Près de 13,4% de la population française a ainsi consommé en 2015 au moins une fois une benzodiazépine (anxiolytique principalement). La France se situe derrière l’Espagne au 2e rang de la consommation des benzodiazépines en Europe», précise l’agence.

L’ISLANDE CONSOMME DEUX FOIS PLUS D’ANTIDÉPRESSEURS QUE LA FRANCE

Selon le Panorama de la santé 2017- Les indicateurs de l’OCDE la consommation d’antidépresseurs a doublé dans les pays de l’OCDE entre 2000 et 2015. « Cela pourrait indiquer une meilleure reconnaissance de la dépression, une disponibilité des thérapies, des recommandations pour la pratique clinique et des changements dans les attitudes des patients et des professionnels. » La consommation d’antidépresseurs est cependant très variable d’un pays à l’autre.

Consommation antidépresseurs 2017
Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017.

Après avoir été bien au-dessus de la moyenne de l’OCDE en 2000, la France est passée en dessous de la moyenne. Les plus gros consommateurs européens sont Islandais avec deux fois plus d’antidépresseurs consommés que dans l’Hexagone (voir graphique ci-dessus) ! Au niveau européen, après l’Islande, premier du tableau des consommateurs d’antidépresseurs (129 comprimés par jour pour mille habitants, contre 65 en 2000), viennent le Portugal (95), le Royaume-Uni (94), la Suède (92), la Belgique (78), le Danemark (77), l’Espagne (73), la Finlande (68), l’Autriche (60), la Slovénie (56), la Norvège (56), l’Allemagne (56), la République tchèque (55), le Luxembourg (53) et la France (49) .


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