Écouter et soigner votre corps
Épuisement, troubles du sommeil et de l’appétit, tensions musculaires, ralentissement psychomoteur, palpitations, vertiges, maux de tête, douleurs multiples… Nombre de symptômes apparaissent après un décès, qui s’expriment avec une intensité variable selon la personne endeuillée. Certains des symptômes peuvent durer jusqu’à deux ans sous une forme atténuée. Des solutions simples à mettre en
œuvre pourront contribuer à redynamiser votre organisme et à réduire ces symptômes, à la faveur de votre vigilance, en douceur et avec
bienveillance pour vous-même.
L’épuisement dû au stress chronique
La première manifestation majeure inhérente au vécu du deuil est l’épuisement physique. Son intensité et sa durée surprennent bien souvent les personnes endeuillées. Cette grande fatigue est tout-à-fait normale, elle résulte du stress chronique généré dans votre organisme par cette information terrible et irréversible : « la personne que j’aime a disparu ». En état d’alerte continu, l’hypothalamus, l’hypophyse et les glandes surrénales
induisent des réactions hormonales en cascade. Les glandes surrénales libèrent
dans le sang de grandes quantités de cortisol et d’adrénaline, qui, diffusés
sur une durée prolongée (des mois, des années…), épuisent l’organisme.
Des infections fréquentes
Le taux élevé de cortisol a également pour effet d’affaiblir vos défenses immunitaires, ce qui peut laisser la voie libre aux infections virales ou bactériennes. Bronchites, angines, sinusites, mycoses … surviennent fréquemment pendant le deuil. Les troubles ORL sont particulièrement présents.
Une autre conséquence du stress chronique est une possible aggravation des symptômes des maladies chroniques (maladies cardiovasculaires, articulaires, problèmes de
peau…).
Faire le point avec votre médecin
En présence de ces symptômes, il est prioritaire de faire le point avec votre médecin en lui
indiquant que ces manifestations se sont aggravées en relation avec votre deuil. Nous vous conseillons de le voir régulièrement tant que vos troubles de la santé persistent.
Pendant la traversée du deuil, ne négligez pas les éventuels traitements réguliers (pour le diabète, l’hypertension…) que vous suiviez jusqu’ici, leur poursuite est nécessaire à votre mieux-être général. De même, maintenez une vigilance par rapport à votre mode de vie. En évitant les produits à risque (alcool, tabac, drogues…), vous vous prémunirez de bon nombre de désagréments et de l’apparition de maladies.
Des alliés pour soutenir votre santé
Sous l’effet de l’onde de choc émotionnel, le corps peut arriver à saturation, ne plus pouvoir gérer le stress chronique et ses effets secondaires. Les signes d’un vécu dépressif peuvent alors apparaître six à dix mois après le décès. C’est une étape normale, elle est même souhaitable. En effet, le vécu dépressif signe paradoxalement que le processus de deuil est en bonne voie (voir La phase 3 du deuil : déstructuration).
Face à toute cette chaîne d’effets négatifs sur votre organisme, vous comprenez
combien il est essentiel de prendre soin de votre corps. De tout mettre en œuvre pour compenser l’impact du stress chronique et de la fatigue qu’il engendre. Cela est possible en respectant une bonne hygiène de vie mais aussi en ayant de délicates attentions envers vous-même. Soyez à l’écoute, anticipez et accordez-vous beaucoup de douceur.
Le sommeil, l’alimentation, l’activité sportive, le soin de votre apparence physique seront vos principaux alliés pour maintenir votre santé et renforcer l’estime de vous-même pendant cette traversée du deuil.
Avoir suffisamment de sommeil
Votre sommeil sera probablement troublé dans les premiers temps, avec des insomnies, des cauchemars… Soyez vigilant et ménagez-vous tout le repos nécessaire. Apprenez
à vous écouter et à repérer les signes de fatigue. Essayez de maintenir des horaires réguliers, instaurez une sieste si besoin. Un bon sommeil aura des effets réparateurs sur l’ensemble de votre organisme.
A contrario, le manque de sommeil est une source supplémentaire de stress. Si les
insomnies deviennent problématiques, n’hésitez pas à opter pour un traitement
médical temporaire en accord avec votre médecin. Vous pouvez aussi vous tourner
vers les médecines alternatives (homéopathie, acupuncture…) ou vers les
techniques de relaxation (sophrologie, méditation…).
Une alimentation équilibrée et diversifiée
Pendant la période de deuil, votre appétit risque d’être perturbé, le plus souvent par une perte d’appétit. Notre alimentation a une influence décisive sur notre santé physique. Une mauvaise alimentation est terriblement stressante pour l’organisme. Autant que possible, il faudra veiller à maintenir une alimentation équilibrée et diversifiée. Elle vous apportera l’énergie dont vous avez besoin, contribuera à votre équilibre émotionnel et pourra même jouer un rôle curatif. Pour en savoir davantage, vous pouvez lire Équilibrer votre alimentation. Enfin, autre recommandation, pensez à boire suffisamment de liquides (1,5 l par jour).
Pratiquer une activité
physique modérée
Une activité sportive, même modérée, aura plusieurs bienfaits. Elle va améliorer votre sommeil, réguler votre appétit, tonifier votre corps malmené par le chagrin. L’exercice physique a aussi des vertus antidépressives grâce à la sécrétion d’hormones liées au bien-être, notamment l’endorphine (1). « Six minutes de marche rapide par jour (soit 653 mètres) permettent d’augmenter de 30 % nos endorphines et de diminuer d’autant les émotions négatives – en particulier le cortisol, hormone du stress. » (2) Marcher trois fois par semaine pendant trente minutes sera très bénéfique pour votre santé tout en contribuant à vous apaiser. La marche, le vélo, la natation, la course à pied sont des activités recommandées car elles augmentent votre capacité respiratoire.
Les vertus apaisantes de la respiration
La respiration consciente est très efficace pour apaiser le stress (voir Respiration source apaisement). Ses bénéfices sont immédiats, qu’il s’agisse de la respiration alternée, de la respiration abdominale ou de la cohérence cardiaque. Outil d’apaisement et de régulation,
la respiration est au cœur des pratiques corps-esprit telles que la méditation, le yoga, le qi kong, le taï-chi-chuan… Autorisez-vous à les pratiquer, elles seront très bénéfiques et apaisantes.
Les bienfaits de la lumière
du jour
Pratiquée en pleine nature, l’activité physique favorise l’oxygénation, la détente physique et l’équilibre émotionnel. Un autre avantage d’une marche en plein air est de profiter des effets stimulants et bénéfiques de la lumière du jour. En effet celle-ci augmente la production de « l’hormone du bonheur », la sérotonine (3), par l’intermédiaire du nerf optique, via l’hypothalamus (4). L’exposition à la lumière du soleil présente également l’avantage de synthétiser la vitamine D, indispensable à votre métabolisme osseux. Exposer vos mains, vos avants-bras et votre visage 5 à 15 minutes, deux à trois fois par semaine, peut suffire (5) pour faire le plein en vitamine D.
Soigner votre apparence
physique
Face au deuil, vous aurez tendance à faire passer votre propre personne au second
plan, parfois même jusqu’à vous oublier. Certains gestes du quotidien vous sembleront peut-être vains ou difficiles à réaliser. Votre apparence physique peut en pâtir car l’envie de vous y attarder ne sera tout simplement plus là.
Pourtant, elle ne doit pas être négligée. Continuez à prendre soin de votre image en prévoyant des rendez-vous réguliers chez le coiffeur ou en institut de beauté. Accordez-vous quelques nouveaux achats vestimentaires de temps en temps. La confiance et l’estime de vous-même, susceptibles d’être mises à mal par les grands bouleversements que vous vivez, seront ainsi renforcées.
Offrez-vous des pauses bien-être
De temps en temps, autorisez-vous des pauses bien-être (balade dans la nature, sortie au cinéma, un massage…) sans culpabiliser. Ce n’est pas trahir la mémoire de l’être aimé que de les vivre. Vous traversez l’une des épreuves les plus difficiles de votre existence, il faut maintenant vous envelopper de douceur.
Le massage est particulièrement indiqué pendant le deuil. Il va vous permettre de dénouer
les tensions corporelles et d’atteindre rapidement un état de détente profonde. Vous pouvez informer la personne qui vous masse de votre situation, elle comprendra les éventuelles larmes qui pourraient monter. Ne les retenez-pas, elles vont vous libérer encore davantage du poids que vous avez sur le cœur.
La réflexologie, la fasciathérapie ou l’acupuncture sont des approches thérapeutiques qui vous pourront aussi vous faire beaucoup de bien.
Exprimer vos émotions
Tout au long du deuil, les symptômes physiques manifestent haut et fort ce que votre
cœur ne peut dire. Pour soulager votre corps des tensions et des douleurs qui l’enferment, autorisez-vous à exprimer vos émotions, à parler de ce que vous vivez. Auprès de vos proches, de bénévoles d’associations d’accompagnement des personnes endeuillées, d’un thérapeute ou de groupes de paroles. Cette parole libérée soulagera considérablement votre psychisme et votre corps.
Ainsi, en prenant en compte au jour le jour ces recommandations, vous pourrez apaiser votre psychisme, redonner une nouvelle énergie à votre organisme, et maintenir votre santé au mieux pendant cette période de vulnérabilité.
NOTES
(1) Une endorphine est un neurotransmetteur dont la structure ressemble fortement à celle de la morphine.
Les endorphines ont une capacité analgésique et procurent une sensation de bien-être voire d’euphorie.
(2) Les 4 Saisons de la bonne humeur – Un programme annuel de santé pour le corps et l’esprit. Pr Michel Lejoyeux. Le Livre de Poche.
(3) La sérotonine agit à la fois en tant qu’hormone et neurotransmetteur. Elle est appelée « hormone du bien-être » (ou du bonheur) car elle régule une vaste gamme de fonctions comme l’humeur ou le comportement.
(4) Nos yeux transmettent, via le nerf optique, la lumière du jour vers une région de l’hypothalamus appelée le noyau suprachiasmatique (NSC) qui joue le rôle d’horloge biologique responsable du contrôle des rythmes circadiens.
(5) Parfois, la lumière d’hiver peut ne pas suffire, notamment chez les personnes à forte pigmentation cutanée ou celles qui ont certaines maladies digestives. En cas de doute, votre médecin pourra vous prescrire un dosage sanguin de vitamine D et, si besoin, une
supplémentation ponctuelle de cette vitamine.
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28 Oct, 2022 à 16h12