Les quatre phases du processus de deuil
Selon Christophe Fauré(1), le processus de deuil se divise en quatre grandes étapes :
- la phase 1 : le choc et la sidération
- la phase 2 : la fuite et la recherche
- la phase 3 : la déstructuration
- la phase 4 : la restructuration
Dans la réalité, ces étapes se chevauchent bien sûr. Il est essentiel de connaître ces repères, car ils restituent avec clarté le déroulé du processus de deuil. Ils décrivent une vision générale du chemin. Il est certain que pour chaque personne endeuillée les étapes seront vécues différemment car chaque expérience est unique. L’histoire individuelle, les liens tissés avec l’être disparu, l’intensité des émotions et des sentiments… Toutes ces variables personnelles vont déterminer la durée, la périodicité, la profondeur des vallées traversées pendant chaque phase du processus.
Le temps de la cicatrisation
Le processus de deuil est une force naturelle qui œuvre jour après jour pour cicatriser la blessure intérieure. Il est essentiel que la personne endeuillée le sache. Quelles que soient les tempêtes qu’elle affrontera, elle finira par trouver l’apaisement. Il est important qu’elle garde confiance, qu’elle prenne soin d’elle. Et surtout qu’elle s’offre tout le temps nécessaire pour vivre chaque étape, chaque oscillation au jour le jour. Il n’y a aucune urgence, l’important est de cheminer en respectant son rythme, sa respiration intérieure.
Phase 1 du deuil : le choc, la sidération
La nouvelle du deuil plonge la personne endeuillée dans un état d’incrédulité, voire de déni radical. Des mécanismes de protection se mettent en place pour préserver sa conscience de l’énormité de ce qui vient de se passer. Cette « protection psychique » permettra à la personne d’intégrer le premier niveau du deuil : reconnaître qu’elle a perdu un être aimé.
Cette étape dure de 2 à 4 semaines. Elle peut être beaucoup plus longue en cas de deuil traumatique.
Phase 2 du deuil : la fuite, la recherche
Il y a « fuite » car la personne endeuillée mobilise une énergie colossale pour tenter de fuir la souffrance. Cela se traduit par la fuite dans le travail ou dans des addictions diverses. Il y a « recherche » car elle va tenter de préserver, coûte que coûte, la relation interrompue avec l’être aimé : besoin de toucher ses vêtements, de sentir son odeur, de regarder ses photos et vidéos, d’entendre sa voix…
Cette 2e étape dure en général entre 6 et 10 mois. Elle peut durer jusqu’à un an et demi en cas de deuil traumatique(2).
Phase 3 du deuil : la déstructuration
Six à dix mois après la disparition de l’être aimé, la personne endeuillée comprend que sa relation extérieure avec lui est définitivement interrompue, que c’est irrémédiable. Cette pleine prise de conscience est tardive par rapport au moment du décès, ceci est normal. La douleur peut alors atteindre un paroxysme qu’elle ne s’attendait plus à vivre, avec un vécu dépressif dans lequel les émotions prennent une intensité inconnue. Il y a une totale perte de repères et de structure, un profond sentiment de solitude.
Cette 3e étape dure pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, sans que cela soit pathologique.
Phase 4 du deuil : la restructuration
Au-delà de la souffrance, le processus de cicatrisation intérieure est patiemment mis en œuvre dans les tréfonds de l’être. Peu à peu, un lien d’une autre nature est en train de se renouer entre la personne endeuillée et l’être aimé. La relation extérieure fait place à une relation intérieure avec lui. Ce lien intérieur existera à tout jamais en elle. Lentement, la personne endeuillée commence à entrevoir la possibilité d’un retour à la vie. Elle redéfinit sa relation à elle-même, à autrui et au monde, au défunt.
La durée de cette 4e phase est difficile à évaluer car elle est concomitante avec la nouvelle identité que la personne en deuil développe au fil du temps. Il n’est pas pas anormal 10 ans après le décès d’un enfant de témoigner de l’impact de sa disparition sur son existence. Cela n’a rien de pathologique.
NOTES
- Vivre le deuil au jour le jour, éditions Albin Michel, nouvelle édition revue et corrigée 2018.
- Après le suicide d’un proche – Vivre le deuil et se reconstruire, Dr Christophe Fauré. Éd. Albin Michel, 2007. Page 132.
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Diane
26 Nov, 2022 à 03h23