Concevoir un autre enfant après un deuil périnatal - Mieux traverser le deuil

Concevoir un autre enfant après un deuil périnatal

16 mai 2019 Image Concevoir un autre enfant après un deuil périnatal

La question de savoir quand nous aurions un autre enfant a été posée très tôt, mais pas par nous. Cette question a été abordée par nos familles et plus particulièrement pas nos propres parents. Ils pensaient probablement qu’avoir un enfant nous aiderait à faire notre deuil, à « tourner la page », en sorte, mais ils se trompaient et nous avions besoin de plus de temps. Ma femme pensait même qu’avoir un enfant dans les semaines suivant le décès de notre bébé revenait à effacer ce premier enfant, à le remplacer par un autre. Or, notre premier enfant avait beau n’avoir vécu que quelques semaines, il avait son existence propre, toute sa place. Il est pour toujours notre aîné.

Savoir laisser « du temps au temps »

Le projet d’avoir un deuxième enfant a cheminé plusieurs mois avant que nous soyons sûrs d’être capables d’accueillir ce bébé, de lui faire une place à part entière. Je ne pense pas qu’il existe un temps idéal avant d’envisager une nouvelle grossesse. Ce n’est pas une question de semaines, de mois ou d’années et il revient à chaque couple de ressentir librement que c’est « le bon moment ». Cela suppose de prendre le temps de se demander si l’on a suffisamment progressé dans son deuil pour pouvoir accueillir ce nouvel enfant sans l’alourdir d’une histoire qui n’est pas la sienne…

Ma femme a eu besoin de plus de temps que moi dans ce cheminement. Elle craignait que le bébé ressente son propre chagrin, que la peine qui l’accablait se répercute d’une façon ou d’une autre sur lui. Notre divergence de points de vue, cette absence de synchronicité à ce moment de nos vies n’a pas été un sujet de tension. Je savais qu’il fallait juste laisser « du temps au temps ».

Par la suite, nous avons pris un calendrier et fait de notre mieux pour que les dates anniversaires ne coïncident pas. Nous redoutions particulièrement que la naissance de notre deuxième enfant ne se superpose à la date du décès de notre premier bébé. Par la suite, cette grossesse nous a aidés pendant tout le processus de deuil. D’une certaine façon, elle a rendu la perte de notre bébé plus acceptable. Pour autant, à aucun moment notre premier enfant n’a été ni oublié, ni moins aimé.

Une nouvelle grossesse pendant le deuil

Dans un premier temps, nous avons hésité à faire part de cette grossesse à notre entourage. Nous voulions garder la nouvelle pour nous, nous pensions que ne pas l’ébruiter conjurerait un hypothétique mauvais sort. Rétrospectivement, je me rends compte que notre attitude était pour beaucoup guidée par la superstition.

Quand le ventre de ma femme s’est arrondi de façon évidente, nous avons partagé cette nouvelle. Notre famille, nos amis, nos collègues de travail ont perçu cette grossesse comme l’occasion de tourner la page du deuil de notre enfant. Leurs réactions m’ont parfois semblé maladroites, peu sensibles et ma femme était blessée par certaines de leurs remarques : tout comme moi, elle était encore en deuil de son premier enfant. Elle éprouvait le besoin d’être en premier lieu soutenue dans cette épreuve avant d’envisager la naissance à venir.

Des sentiments ambivalents

Cette grossesse lui semblait plus complexe que la précédente : ma femme redoutait que le bébé soit victime du même accident que l’aîné. Dans le même temps, elle culpabilisait à l’idée d’associer cette naissance à un drame qui n’avait rien à voir avec le bébé à naître.

Ses sentiments à l’égard de cet enfant étaient tout aussi complexes, parfois ambivalents : elle avait peur que la naissance l’accapare au point qu’elle en finirait par oublier l’aîné. Dans le même temps, elle craignait de ne pas aimer ce nouvel enfant autant qu’elle avait aimé le premier. Elle se souvenait de ses sourires, de ce petit épi dans ses cheveux… Nous étions bouleversés à l’idée de ne plus jamais revoir cela puis nous nous disions que notre deuxième enfant aurait ses propres traits, une personnalité qui n’appartiendrait qu’à lui et nous avions hâte de les connaître. Pendant plusieurs mois, nous sommes passé de la joie au chagrin, du chagrin à la joie avec une même constance.

Pour le bonheur d’être parents

À aucun moment, nous n’avons envisagé notre deuxième enfant comme un enfant de remplacement. L’obstétricienne qui suivait ma femme s’était inquiétée de cette possibilité. Elle nous avait raconté plusieurs cas où les parents considéraient la nouvelle grossesse comme un moyen pour endormir la douleur de la perte du premier enfant. Le bébé à venir n’était finalement pas désiré pour lui. Cela n’a jamais été le cas pour nous deux : nous voulions cet enfant pour avoir le bonheur d’être ses parents.

Son frère fait aussi partie de sa vie

Quand notre fille est née, nos craintes se sont envolées et nous l’avons d’emblée aimée pour qui elle est. Rapidement, nous nous sommes demandés quand et comment lui parler de son frère décédé avant elle. Nous voulions qu’il fasse partie de sa vie comme il fait pour toujours partie de la nôtre.

La réponse s’est imposée d’elle-même : nous avons parlé de son grand-frère à notre petite fille dès les premières semaines, quand sa mère est passée devant une photo de lui accroché sur le mur de la cuisine. Nous avons montré cette photo à notre fille. Nous avons insisté sur le sourire de son grand frère, son épi de cheveux récalcitrant. Nous lui avons dit que nous avions été très heureux d’avoir ce petit garçon et que même s’il n’était plus ici, il était avec nous, chaque jour et pour toujours, intact dans nos coeurs. Puis nous avons lui dit à elle que nous avions à présent beaucoup de chance de l’avoir dans nos vies.

Aucune des craintes superstitieuses que nous avions ne s’est concrétisée. Notre enfant est en pleine santé et la voir est un bonheur de chaque jour. D’ici peu, nous dirons que notre famille va bientôt s’agrandir…

Christophe A.

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3 Commentaires

Merveille

16 Fév, 2022 à 18h03
Je viens de perdre mon bébé, la petite lyna, mon petit ange est vite aller au ciel , le seigneur est amour,. Je sais que j'aurais d'autres enfants et je la foi que le seigneur Jésus Christ agit et j'encourage toute les personnes dans notre situation de ne pas abandonner, prenons courage et relevons nous, il y a de l'espoir tant que nous sommes en vie

Tahina RAJERISOA

19 Juil, 2019 à 15h22
merci,l'article me touche vraiment, j'ai vecu la meme histoire, courage a noustous les parents qui ont des petits au ciel tres tot! Dieu a son plan pour chacun de nous!

Emilie Richard

19 Juil, 2019 à 15h06
Je me reconnais tellement dans votre témoignage, j'ai l'impression de lire mon histoire et d'avoir ressentie exactement les mêmes choses que vous. Merci de l'avoir partagé, cela fait énormément de bien de sentir que tous les sentiments qui nous traversent sont normaux. Emilie, maman de Chloé, mon bébé petit ange et Margaux, 3 mois, mon bébé victoire



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