Notre couple après le décès de notre fille de 6 ans - Mieux traverser le deuil

Notre couple après le décès de notre fille de 6 ans

16 mai 2019 Image Notre couple après le décès de notre fille de 6 ans

Quand notre fille de 6 ans a été emportée par une leucémie, notre monde s’est effondré. Nous étions terrassés. Il n’y a pas de mot pour décrire notre douleur. Comment allions-nous survivre à une telle épreuve ? Chacun d’entre nous mais aussi notre couple en tant que tel. Nous connaissions autour de nous des parents unis qui n’avaient pas résisté à un tel drame. Nous savions que le deuil que nous vivions allait malmener notre couple, avec le risque de le faire exploser. Cela n’a pas été le cas pour nous. Il y a eu des tempêtes, nous avons connu des périodes de tension, de désaccord et d’incompréhension, mais rien d’irréversible. Aujourd’hui, quatre ans après le décès de notre fille, mon mari et moi sommes toujours ensemble, unis dans notre chagrin mais aussi dans nos projets.

Une nouvelle façon de vivre ensemble

Au moment du décès de Léa, mon mari exerçait un métier qui l’amenait à beaucoup voyager. Il était à la maison uniquement le week-end. J’en nourrissais une relative amertume, je pensais qu’il n’était pas là quand j’avais besoin de lui et que, au fond, il lui était pratique de me laisser m’occuper seule des enfants pendant qu’il menait sa carrière…

Tout a changé après la perte de notre fille. J’ai découvert chez mon mari une sensibilité, une attention à mon chagrin et à celui de nos enfants que je n’avais pas imaginée. Rapidement, il a demandé une mutation pour occuper un poste qui lui permettrait d’être à la maison chaque soir. En attendant qu’elle lui soit accordée, il nous téléphonait tous les jours. Autrefois, il organisait ses appels entre deux rendez-vous de travail. Maintenant, c’était différent, il prenait le temps de se poser avec chacun de nous, privilégiant des conversations par Skype.

Nous soutenir réciproquement dans l’épreuve

Quand il eut enfin sa mutation, nous avons franchi de nouvelles étapes. Jour après jour, nous avons appris comment nous soutenir l’un l’autre dans cette épreuve sans fin. Quand l’un de nous faiblissait, l’autre s’investissait auprès des enfants, et je crois que, pour la première fois, nous étions des partenaires à part entière. Cela ne s’est fait pas fait tout de suite, il a fallu beaucoup de vigilance et d’ajustements de notre part pour réaliser cet équilibre. Deux éléments l’ont rendu possible : les temps de partage et les temps de solitude.

Partager ses émotions et sa détresse

Dans les premiers mois, nous étions tellement pris chacun par notre propre souffrance, qu’avancer main dans la main était loin d’être simple. Chacun s’enfermait dans sa peine pour respecter la douleur de l’autre. Quatre mois après le décès de notre fille, un fossé s’était creusé entre nous deux. Une amie psychologue m’a alertée. J’en ai parlé avec mon mari et nous avons décidé de partager nos émotions, de parler plus, même si cela pouvait être inconfortable. Cela nous a demandé un certain courage.

Accepter d’aller au cœur de soi-même

Grâce à ces échanges réguliers, chacun savait où l’autre en était dans ce qu’il vivait, et comment il évoluait. Nous avions moins de préjugés sur ce que l’autre ressentait ou non, cela nous a évité beaucoup de reproches inutiles.

Ces temps de partage étaient d’autant plus thérapeutiques et constructifs que chacun de nous deux prenait le temps de vivre son deuil dans la solitude. Nous nous accordions de prendre du temps rien que pour soi, sans l’autre. Chacun trouvait dans son espace intérieur les ressources pour cicatriser ses blessures. Ce temps de présence à soi nous a permis de laisser monter nos émotions, de regarder notre souffrance, d’accueillir et d’apprivoiser notre solitude, sans vouloir la fuir.

Respecter le rythme de chacun

Nous avions des rythmes différents dans notre façon de traverser le deuil. Nous étions rarement synchrones : quand l’un était très déprimé l’autre pouvait connaître un moment de répit et d’apaisement. Quand j’étais au plus bas et que je voyais mon compagnon dans une humeur plus sereine, je pouvais mal le vivre car j’avais l’impression (fausse) que j’étais seule à porter le deuil de notre enfant. Nous en parlions, nous étions à l’écoute de ces mouvements, nous avons appris à accepter que chacun de nous progressait à son rythme, en fonction de sa sensibilité, de son histoire, de ses deuils antérieurs. Et je crois que cette capacité commune à respecter l’autre dans sa différence, dans ce qu’il a d’unique, nous a permis de continuer à cheminer ensemble, durablement.

Fabienne M.

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