Reprendre une activité professionnelle - Mieux traverser le deuil

Reprendre une activité professionnelle

5 janvier 2020 Image Reprendre une activité professionnelle

,Il n’est pas aisé de réintégrer l’environnement professionnel quand on est dans les tourments émotionnels du deuil. Les objectifs de rentabilité et d’efficacité semblent si éloignés et vides de sens par rapport à ce que traverse la personne endeuillée. Certains reprendront leur travail dès le lendemain des obsèques, tandis que d’autres auront besoin de prendre des congés tant cela leur semble insurmontable. 

Retourner à son travail est une aide considérable

L’important est d’écouter ses besoins. Idéalement il ne faudrait pas dépasser plusieurs mois d’absence car il pourra être vraiment difficile de se motiver et de se projeter de nouveau dans son activité professionnelle. D’autant plus que l’expérience d’accompagnement du deuil montre que la reprise précoce de son travail est une aide considérable. Cela permet de sortir des pensées et des émotions qui tournent en boucle autour de la personne disparue.

Le réseau professionnel est un soutien

En canalisant ses énergies sur des tâches absorbantes, la personne en deuil retrouve un peu de répit. De plus, elle pourra trouver dans sa communauté professionnelle une grande aide, une chaleur appréciable, des gestes attentionnés, un réseau qui la soutient au quotidien et dans la durée. Cela sera particulièrement précieux si la personne endeuillée est peu entourée et isolée socialement. 

Faire bonne figure demande de l’énergie

Le moment du retour au travail est souvent source d’une grande anxiété. La personne en deuil craint d’être estimé diminué(e) et plus aussi efficace à son poste. Elle redoute le regard des autres plein de sous-entendus. Elle ne veut surtout pas être l’objet de pitié. Aussi va-t-elle faire l’effort de montrer qu’elle est toujours aussi efficace et solide que par le passé. 

Un inconfort qui va s’estomper

Alors qu’en elle-même c’est un champ de ruine, qu’elle est déboussolée, à fleur de peau, en manque de sommeil, avec des pleurs qui peuvent jaillir à chaque instant. Les toilettes sont souvent un refuge où laisser libre cours à son immense chagrin, à des sanglots incontrôlables. Les efforts pour contenir sa détresse intérieure et se montrer toujours fiable ajoutent un stress supplémentaire à son état d’épuisement physique et psychique. Les premiers temps seront sans doute inconfortables, mais heureusement, jour après jour, cela finira par s’estomper.

Les échanges avec les collègues

Les retrouvailles avec ses collègues sont souvent teintées d’un certain malaise : certains font comme si de rien n’était, d’autres ne savent pas trop comment se comporter avec vous, d’autres encore viennent témoigner spontanément leur amitié et leur affection. Et cela vous fera beaucoup de bien. Vous pourrez même recevoir des témoignages de personnes qui ont déjà traversé un deuil et qui se rapprochent de vous pour le partager. Dans ces moments privilégiés vous vous sentirez compris(e) et soutenu(e), cela allègera votre cœur si lourd. Il est certain que celles et ceux qui ne connaissent pas ce qu’est le deuil pourront avoir un comportement emprunté, maladroit. 

Exprimez vos besoins d’aide

Beaucoup de personnes pensent qu’ils ne faut pas encourager l’expression des émotions y compris les leurs face à une personne endeuillée. N’hésitez pas à leur donner des signes. Allez au-devant des personnes qui ont votre confiance. Remerciez-les, par exemple, pour leur bouquet de fleurs, leurs messages, leur soutien. Précisez-leur l’aide dont vous avez besoin, cela brisera la glace et les aidera à vous aider (voir Lettre à celui ou celle qui veut m’aider). 

Prenez soin de vous et de votre apparence

Le cadre qu’offre une entreprise peut être rassurant quand on est dans un environnement familial instable et profondément bouleversé par le deuil. De plus, aller au travail chaque jour a un effet structurant positif : il faut s’habiller, prendre soin de soi, se montrer au monde le mieux possible. Ce qui peut vous sembler être une contrainte est une aide pour reprendre confiance en vous et en l’avenir. Prenez soin de votre apparence, de votre coiffure, de vos vêtements. Présentez-vous au mieux, soyez ponctuel(le) aux rendez-vous. Ce faisant, vous envoyez ce message à votre environnement professionnel : je suis digne, toujours aussi opérationnel(le) et je continue d’avancer. Cela peut sembler insurmontable les premiers jours mais c’est extrêmement bénéfique pour vous. 

Les routines sont une aide

Ces soins que vous vous accordez participent à votre reconstruction intérieure. Tout autant que de reprendre les routines professionnelles . Cela peut vous paraître dérisoire et vide de sens mais c’est un levier supplémentaire pour reprendre pied dans votre existence sans l’être aimé. Les déjeuners entre collègues, la pause sport du midi, les discussions à la machine à café… Ces moments vous semblent aujourd’hui anodins et futiles mais ils participent à votre retour à la vie.

Reprenez à votre rythme

Donnez-vous le temps de reprendre votre travail à votre rythme. Il peut vous sembler inaccessible d’être de nouveau efficace et productif comme vous l’étiez avant le décès de l’être cher. Soyez confiant, vous retrouverez au fil des jours toutes vos capacités. Ne vous épuisez pas dans un travail acharné ni ne vous montrez totalement démobilisé(e). Avancez avec prudence, si le contexte s’y prête, précisez quelle tâche vous préférez reprendre plus tard. Mais montrez que vous êtes toujours là, prêt(e) à avancer, à évoluer. 

Ne pas prendre de décisions radicales

Vous pourrez être tenté(e) d’envoyer tout balader. Ne prenez pas de décisions importantes pendant la période du deuil. On sait combien la capacité de jugement peut être entamée par le vécu émotionnel. Donnez-vous là aussi du temps. Vous avez un projet de reconversion ? Laissez-le mûrir le temps de retrouver vos marques. Vous verrez s’il se confirme plus tard, quand vous serez plus apaisé(e). Vous serez alors en mesure de juger ce qui est une entrave ou une aide dans votre parcours de vie. En attendant, appuyez-vous sur les personnes de confiance dans votre travail, elles seront un véritable appui pour les prochaines étapes.

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9 Commentaires

Nadilou

13 Mai, 2022 à 17h23
J ai perdu ma maman il y a tout juste 19 jours ,elle est décédée le 25 avril 3 jours après c etait mes congés (coïncidences ou un coup de chance dans mon malheur ) ma maman habite en Algérie je suis partie pour la voir une dernière fois l'embrasser et lui dire adieu,avant le décès de ma maman j étais aussi partie une semaine la voir à l hôpital et l accompagner à la réa...nous nous sommes préparés tout doucement mes sœurs mon frere et moi à la séparation ...cela fait 19 jours maintenant qu elle n'est plus là,j'ai repris mon travail hier ,mes collègues étaient là à m'attendre avec bcp de tendresse et de gentillesse et oui aussi j 'Ai craqué dans les bras d'une collègue et aussi après le travail en parlant avec une collègue,je suis aussi très épuisée même si la journée d'hier m'a fait beaucoup de bien ,le chagrin est là,je vois ma mère partout ,j espère un jour que la douleur s'atténue.

Stéphie

10 Mai, 2022 à 01h45
Que de justesse et de recul sur votre blessure de vie (à vie): merci pour votre témoignage sur ce chemin de deuil. Une femme cheminant sur le sien

Iouou

26 Mar, 2022 à 05h08
Depuis 10 mois que je vis avec le deuil de mon bébé jamais né, non désiré par mon conjoint. 6 semaines avant le décès j'avais signé un contrat pour un nouvel emploi que j'ai commencé 3 mois plus tard. En l'espace de six mois j'ai eu à conjugué avec le décès, deux déménagements très loin de tous mes réseaux, un nouvel emploi sans soutient de collègues. La distance de mon conjoint, sa rigidite, son contrôle, ses commentaires et ses reproches quotidiens. Je pensais que toutes mes émotions étaient de l'anxiété et de la panique. Je comprends aujourd'hui que la fille forte, heureuse et formidable de l'année dernière est toujours là, en deuil, mais que la douleur continuera de s'estomper. Merci pour tous les articles et es témoignages, ça fait tant de bien à lire.

Mieux Traverser le Deuil

23 Juil, 2021 à 09h59
Merci pour votre témoignage poignant Pascal, empreint d'amour pour votre fils, votre fille et votre compagne, et la reconnaissance que vous témoignez à vos collègues de travail. Merci aussi pour tous ceux qui vous liront et pourront puiser un peu d'espoir, un peu d'énergie.... Prenez soin de vous, un jour après l'autre.

Pascal

21 Juil, 2021 à 15h46
Bonjour, Deux ans après la mort de notre fils, je lis cet article et j'y trouve beaucoup de choses justes. Personnellement je suis retourné au travail 2 semaines après la cérémonie d'adieu... Encouragé par l'attitude bienveillante des personnes avec qui je travaille. J'ai cette chance... Aussi parceque je savais que c'était juste une reprise de contact avant 4 semaines de congés d'été. Comme un test. Mais quel sentiment d'étrangeté, être présent physiquement mais ailleurs dans mon esprit. J'ai quand même vu que j'étais capable de me concentrer sur les tâches que je devais accomplir. Ce qui m'invitait à tenir, c'était surtout le fait que mon employeur et mes collègues avaient été très aidants au moment du décès de mon fils. J'avais, et j'ai toujours ce sentiment de gratitude pour cette humanité et l'envie de les remercier par mon travail. Mais j'ai senti aussi que malgré cette volonté, je ne pouvais plus m'investir autant qu'avant. Une grande part de mon énergie était et est toujours happée par le chagrin, la blessure de la perte. Le champs de ruines dont parle l'article est bien là. Et je l'arpente tous les jours depuis 2 ans. A la recherche de ce qui peut être sauvé. De ce qui peut survivre de mon fils, de notre lien, de notre amour. J'ai demandé très vite à réduire mon temps de travail pour organiser ma semaine sur 4 jours. Pour économiser mes forces et garder assez d'énergie pour aider ma compagne, ma fille. Pour m'aider moi même. Aller vers cette bienveillance indispensable tant envers les autres qu'envers soi même. Ce que je ressens très profondément, c'est que le travail, à condition qu'il présente un minimum d'intérêt et de sens, surtout qu'il se fasse dans un climat bienveillant, peut effectivement aider à avancer. Mais pour moi il a agit et agit encore comme une forme d'anesthésie au sens où quand je suis concentré sur une tâche, je m'oublie moi même, mes émotions, mes douleurs. Mais dès que je "débranche", tout me revient. Ce phénomène était particulièrement violent et déroutant les premiers mois. Ces trajets passés à pleurer. Comme si tout le chagrin m'attendait à la sortie pour me sauter à la gorge avec d'autant plus de rage que je l'avais tenu à distance. Alors j'essaie de ne pas être dupe de ce que peut m'apporter mon travail. Je le vois comme un des piliers sur lesquels je peux m'appuyer. Mais surtout pas le seul et unique refuge. Je pense que le travail le plus important et que je dois accomplir, il est intérieur. Et c'est à celui là que je dois réserver l'essentiel de mon énergie. Essayer de faire émerger du champs de ruines les parcelles d'envie de vivre, non seulement pour moi, mais pour ma compagne, pour ma fille. Pour tous les merveilleux amis que mon fils avait choisi. Qui eux aussi ont été dévastés par sa mort. Je me dis souvent comme un mantra "Ce n'est pas parce-que tu es dégoûté de la vie que tu dois en dégoûter les autres". C'est loin d'être facile tous les jours. Je m'autorise à lâcher prise quand c'est trop lourd. Mais j'essaie d'y revenir dès que je peux. Je dois bien cela à mon cher garçon qui aimait tant la vie, qui a semé tant d'amour sur son chemin, qui avait encore tant à espérer de la vie à 26 ans. Tout son amour nous le voyons continuer à vivre autour de nous. Je ne me sens pas le droit de lui tourner le dos. Je dois l'honorer et témoigner ainsi ma gratitude immense envers mon cher garçon. J'ignore si quelqu'un lira ce message. Si c'est le cas j'espère juste qu'il puisse inspirer quelque envie de continuer à chercher du beau dans les champs de ruiner. Sauver ce qui mérite de l'être. Mon amitié à tous ceux qui cheminent dans le deuil. Pascal

Marie

02 Juil, 2021 à 23h37
Super contenu ! Continuez votre bon travail!

Isabelle Delpuech

06 Fév, 2021 à 10h19
Bonjour, Je viens de lire votre article relatif à la reprise de travail. J'ai perdu mon mari, il y a 3 mois. Je viens de prendre mon travail en mi temps thérapeutique, comme enseignante spécialisée dans l'aide aux élèves en difficulté. J'ai essayé de suivre tous els conseils donnés sur votre site. Mais je me heurte à l'idée de mes collègues que je ne suis pas prête à reprendre, que je devrais attendre. beaucoup de personnes sont arrêtées pour moins que cela, me dit-on. Or, je suis très fatiguée, et cette ambiance me plombe: retourner au travail devient une corvée. Je trouve votre article trop optimiste. Merci pour tout quand même! Isabelle

Alexandre

19 Déc, 2020 à 18h14
Bof, le milieu professionnel est bien au contraire souvent source de stress, d'anxiété, d'agressivité voire de souffrance. les collègues sont bien souvent d'aucun secours devant les deuils et les traumatismes, bien au contraire, c'est une occasion pour enfoncer encore plus la personne histoire d'éliminer un(e) rival(e). J'en ai fait les frais plusieurs fois, et il n'y a aucune bienveillance dans le monde merveilleux du travail, ce qu'il y a de pire chez l'être humain au contraire.

Dup

22 Mar, 2020 à 22h58
Bonsoir , je lis votre article , je Le trouve intéressant , il a du sens , mais comment faire quand on a perdu son bebe sur un de ses lieux de travail? Je Suis professionnelle de santé , j'adorais mon travail , mais Avoir perdu une de mes jumelles sur un de mes lieux de travail et avoir mon autre bebe hospitalisé dans un autre service de travail , me paralyse. comment faire ?l'idee d'y retourner m'angoisse je ne vois pas comment pouvoir y retourner et pourtant je l'aimais mon boulot .et je culpabilise mais je n'y arrive pas.. ALors comment faire sans se reconvertir ?



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