Les idées fausses sur le deuil - Mieux traverser le deuil

Les idées fausses sur le deuil

29 mai 2019 Image Les idées fausses sur le deuil

La méconnaissance du processus de deuil entraîne tout un cortège d’idées fausses et d’injonctions sociales irréalistes, qui sont toxiques et invalidantes pour les personnes endeuillées qui les reçoivent.
Nous vous présentons ici une sélection(1) de ces nombreux présupposés, avec en fin d’article, le rectificatif qui s’impose pour rappeler ce qu’est réellement le vécu du deuil, ses étapes, son intensité et sa durée…

« Il est malsain de répéter et de raconter ce qui est arrivé. »

« Il ne faut pas montrer ses émotions, c’est déplacé (surtout pour un homme !). »

« Il n’y a que les personnes fragiles ou psychologiquement faibles qui sont affectées par le deuil. Il faut “être fort” et serrer les dents sans se complaire dans sa souffrance ! Un peu de dignité que diable ! Le vécu du deuil est une question de personnalité et de force de caractère. »

« Trop parler de la personne décédée est néfaste et morbide. Il faut évacuer au plus vite son souvenir et passer à autre chose : la vie continue ! »

« Il est malsain d’avoir toutes ces photos au mur. »

« Il est morbide et malsain de garder ses pensées tournées vers le défunt. »

« Arrête ! Il est malsain de revenir sans cesse sur des souvenirs aussi douloureux. C’est se complaire dans son malheur, il faut se tourner vers l’avenir. »

« Il est préférable de faire son deuil seul, sans importuner ses proches avec ses soucis. Il faut les “respecter”. C’est une question de bonne éducation. »

« Les rituels de deuil sont des pratiques désuètes et complètement inutiles. »

« Les jeunes enfants ne comprennent rien à la mort. Autant ne rien leur dire. »

« La douleur va progressivement s’atténuer au fil du temps. Il n’y a rien à faire d’autre que d’attendre que ça passe. »

« Ne t’en fais pas, avec le temps, on finit par oublier. »

« Ton deuil va durer quelques mois, grand maximum un an, au-delà c’est pathologique ! »

« Il ne faut pas remuer le couteau dans la plaie. »

« Ne pas parler du défunt car cela faire de mal à la personne endeuillée »

« Il est mort (elle est morte), je n’ai pas le droit d’être heureux(se). »

Toutes les citations qui précèdent reposent sur des idées fausses, vous pouvez les mettre aux oubliettes !
Lisez et relisez les repères qui suivent, ils vous aideront à rétablir la vision juste de ce qu’est réellement le deuil :

  • La répétition en boucle est saine, elle est nécessaire à l’intégration psychologique et émotionnelle de la perte de l’être aimé.
  • Le deuil a un temps et des étapes incompressibles qui ne peuvent être contrôlées par la raison et la volonté.
  • Aller au cimetière, mettre des photos au mur, etc. Ces rituels ont une véritable fonction thérapeutique. Cela fait partie des quatre tâches du travail de deuil.
  • Le deuil peut durer des années.
  • Le deuil est un processus essentiellement émotionnel, il est absolument essentiel d’exprimer ses émotions pour le bon déroulement du deuil, ce n’est aucunement faire preuve de faiblesse.
  • Parler du défunt à la personne en deuil est très bénéfique pour elle, elle craint tant qu’on oublie l’être disparu. Se manifester aux dates anniversaires même des années après le décès est tout aussi salutaire.
  • Il n’y a pas à faire bonne figure en société quand tout est dévasté en soi.
  • Un deuil accompagné par des proches ou des bénévoles aidants se déroule de façon beaucoup plus harmonieuse
  • Les enfants comprennent très bien le deuil, il est important de les intégrer aux rituels collectifs des funérailles, de leur expliquer ce qui se passe.
  • Il y a un « travail » (conscient et volontaire) du deuil à entreprendre pour accompagner et soutenir le « processus » naturel de deuil
  • On n’oublie pas l’être aimé quand le deuil est accompli. On est à jamais en lien avec lui.

(1) Cette liste est inspirée des idées fausses décrites par Christophe Fauré dans son ouvrage Vivre le deuil au jour le jour, éditions Albin Michel, nouvelle édition revue et corrigée 2018.

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12 Commentaires

Rahajaromisa

15 Oct, 2021 à 12h18
J'ai perdu mon compagnon il y a 4 ans, d'un infarctus massive, il a eu mal toute la nuit , mais il me l'a caché. Il est mort à 9h du matin le dimanche. Pendant des semaines, je tremblais tous les dimanches matins. Et puis l'aide est arrivée, des autres, les associations, les amis , les proches. En vérité ils étaient tous là depuis le début, mais je ne les entendais pas, je ne les écoutais pas. J'étais dans ma colère et ma douleur. Entre l'aide des associations, le tables rondes où j'ai pu comprendre que ma situation par rapport aux autres n'était pas aussi dramatique, malgré la perte, je travaillais, j'avais mes enfants, mes parents , des amis. Très vite j'ai repris le dessus. Merci à vous tous de m'avoir aidé. Il est toujours là dans ma tête dans mon cœur, dans ma vie. mais j'ai avancé, et construit. Grace à lui j'ai plus confiance en moi et je m'accepte. Ma vie actuelle est plus calme, plus sereine avec une personne qui me respecte et qui a compris mon passé. Lui aussi a subi une grosse perte. Le suicide d'un enfant. On s'épaule et je vais très bien. Merci Micheli.

alex

18 Mai, 2020 à 10h01
cela fait plusieurs fois que je lis cet article, quelque part ça me rassure; je dirais que j'ai subie toutes les "idées fausses" suite à la mort brutale de mon petit frère. Et ma maman le subit énormément, dès les 1ers mois l'appel de l'entourage à "passer à autre chose" "il faut vivre ta vie, faut avancer", pour ma maman c'est notamment "arrête d'appeler des gens tu les embêtes" "oublies le tu as d'autres enfants il faut penser à eux" "actives toi fait le maximum de choses pour ne pas y penser" (maladresse des gens, qui ne se rendent pas compte qu'y "penser" est automatique n'est pas "volontaire" et que le deuil est une dépense d'énergie mentale énorme, quotidienne) elle a même eu droit à "tu devrais jeter toutes les photos" "allez moi je vais venir dans ta maison et tout jeter!" "c'est pas normal d'y penser encore 1 an après" tout cela génère encore plus de culpabilité au gouffre de culpabilité déjà présent (mon frère est mort par suicide, je passe sur les discours rabaissant et extrêmement jugeant (les fameux qui "savent" ce qu'il fallait faire, etc...) Moi je m'oriente actuellement par un suivi avec un psychologue, qui pratique l'emdr (pour l'aspect traumatique), souvent je ressens une forte colère contre les gens, mais ceux qui n'ont pas vécu ça ne peuvent pas comprendre, comme moi-même je ne comprenais pas avant de vivre ce drame. l'échange avec ceux qui vivent la souffrance d'un décès brutal est le seul moment où je me sens "compris"

Hecfeuille

06 Mar, 2020 à 07h40
Bonjour, Ma fille est morte à 13 ans d'une tumeur cérébrale, je suis morte avec elle je ne vis plus, ça fera 3 ans le 16 avril.

Karlier

17 Oct, 2019 à 23h33
On ne peut pas oublier un être cher

Mieux traverser le deuil

17 Oct, 2019 à 10h33
Le processus de deuil peut être empêché, retardé, parasité... mais il est toujours possible de le relancer. Un accompagnement par un thérapeute ou un psychologue spécialisé dans le deuil, des échanges au sein d'un groupe de parole, l'écriture, la réalisation de rituels... Offrez-vous l'opportunité de continuer le chemin du deuil. Vous pouvez contourner les obstacles du passé par des nouvelles actions au présent. Vous n'avez rien loupé, vous avez fait au mieux à chaque instant. Aujourd'hui, vous avez la possibilité de prendre soin de vous en conscience, votre questionnement le montre. Il n'y a pas de fatalité, vous êtes en mesure d'accueillir et d'exprimer votre souffrance pour vous en libérer, il n'y a que vous qui puissiez le décider, c'est votre choix. Vous pourrez ainsi rompre la répétition des ruptures douloureuses non intégrées. Vous pourrez commencer une nouvelle vie de façon plus paisible, sans oublier pour autant vos chers disparus.

Chantal

15 Oct, 2019 à 23h06
Quand j ai eu 11 ans (j'en ai 57)ma grand mère est décédée. C était la mère de mon père fils unique. Il a exigé qu on ne parle plus de sa mère car il souffrait trop. Moi, petite fille, ce fût un déchirement. Ensuite dans ma vie quand je fus confrontée à des séparations, rupture, il était impossible pour moi de faire mon deuil. Je pense que j ai loupé quelque chose et que le processus ne se fera jamais.

Maryse Gras

13 Oct, 2019 à 22h44
J 'ai perdu mon mari il y a 4 mois après 62 ans de vie commune et j'ai beaucoup de mal a remonter la pente Cerise sur le gâteau, j'ai dû déménager car la maison était une trop lourde charge pour moi, j'ai laissé tous nos souvenirs et surtout la presence de mon mari qui me tenait compagnie, alors que dans mon nouveau logement ,il n'est plus avec moi , je ressens très peu sa presence , j'ai mis des photos ,je vais au cimetière ce qui m'apaise un peu ,c'est très difficile pour moi

Delbaer

11 Oct, 2019 à 11h50
Pour moi j'ai retiré les photos de mes frères, de mon papa et de mon beau fils, je n'arrivais plus à vivre toujours fixée sur les photos. Depuis que je les ai enlevées je me sens mieux, je pense à eux souvent, je ne vais pas au cimetière mais ils sont dans mon coeur, je le vis comme ça.

Mieux traverser le deuil

02 Août, 2019 à 16h43
L'important est de vraiment faire selon ce que votre cœur vous inspire, à votre rythme, selon ce que vous êtes en mesure d'accomplir. Personne ne le sait mieux que vous. Vous pouvez être sensible aux remarques et préconisations de votre entourage, mais aucun vécu n'est identique à un autre. Il n'y a pas de modèle absolu. Aller au cimetière est une démarche religieuse traditionnelle, en aucun cas il ne s'agit d'une obligation. La sincérité et l'intensité du vécu d'un deuil ne se mesure pas à cela. Vous trouverez plus de liberté en vous-même en prenant de la distance par rapport aux injonctions sociales. Laissez-vous le temps d'aller au cimetière quand vous serez prête et si vous le souhaitez vraiment. Comme tout rituel, cela peut vous faire du bien. Laissez s'exprimer les émotions qui viennent.

De la Rochelambert

11 Juil, 2019 à 12h44
Je n'arrive pas à aller au cimetière. On me le reproche

Mieux traverser le deuil

11 Juin, 2019 à 15h35
Un deuil est dit « accompli » quand la personne endeuillée commence à s’ouvrir de nouveau à la vie. Cela signifie qu’après avoir traversé des tempêtes émotionnelles et l’absence de tout repère, elle a progressivement trouvé en elle les ressources pour se reconstruire intérieurement et extérieurement, de façon harmonieuse. La perte de l’être aimé l’a profondément transformée, sa relation à autrui et au monde est modifiée. La cicatrisation du deuil a œuvré. La personne découvre qu’elle peut de nouveau accueillir l’élan et la joie de vivre. Bien sûr, le manque de l’être cher se fera toujours ressentir. La cicatrice de la perte sera présente à jamais. En cela le deuil n’est jamais « fini ». Il est accompli car il permet à l’être endeuillé de continuer son chemin, son évolution personnelle, de façon apaisée et positive avec, dans son cœur, le souvenir et la présence de l’être aimé.

Gaëlle

07 Juin, 2019 à 13h43
"On n’oublie pas l’être aimé quand le deuil est accompli. On est à jamais en lien avec lui" Que voulez vous entendre par deuil "accompli"?



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