L’écriture après un décès : la thérapie par les mots - Mieux traverser le deuil

L’écriture après un décès : la thérapie par les mots

16 mai 2019 Image L’écriture après un décès : la thérapie par les mots

On ne le sait pas assez, mais l’écriture peut être thérapeutique. Elle permet d’extérioriser les émotions qui déferlent lors d’un travail de deuil. Cette vertu apaisante de l’écriture est connue des thérapeutes qui recourent volontiers à cette pratique pour soulager de nombreux traumas : en « couchant sur le papier » ses angoisses, ses chagrins, sa colère, le rédacteur les y dépose pour, finalement, s’en alléger.

À force de répétition, l’écriture a la capacité d’« user » les émotions couchées sur le papier (la culpabilité, la souffrance…). D’où l’intérêt, nous y reviendrons, d’écrire régulièrement.

Accomplir le « travail de deuil »

L’écriture est un moyen simple et efficace d’accomplir les différentes tâches du travail de deuil. Exprimer ses émotions par écrit, c’est accomplir la 2e tâche. Re-évoquez son histoire commune avec l’être aimé et revenir sur la maladie et la fin de vie, c’est accomplir la 3e tâche. Celle qui consiste à préserver le lien et à revenir sur tout ce que l’on a vécu ensemble.

Enfin, écrire ce que l’on est en train de vivre, c’est construire petit à petit une nouvelle identité et une nouvelle relation au monde (ce qui correspond à la 4e tâche du travail de deuil).

Comment procéder ?

L’écriture thérapeutique peut se pratiquer partout, idéalement au calme chez soi mais aussi dans les transports, dans la nature… Elle ne nécessite peu de matériel, un stylo et un carnet suffisent.

Il importe d’écrire de façon spontanée, loin de tout jugement et de toute autocensure : il n’est pas ici question de s’interroger sur les fautes d’orthographe, le style ou la pertinence de ce que l’on écrit. L’intérêt est ailleurs : il s’agit de – littéralement – déposer sur le papier un fouillis d’émotions et de pensées qui, peu à peu, grâce à l’écrit, vont se structurer.

Un rituel libérateur

L’écriture peut devenir un rituel à part entière. Cela suppose qu’on lui accorde le temps qu’elle mérite (une dizaine de minutes peut suffire) de façon régulière, idéalement chaque jour. Il importe que les temps d’écriture ne soient pas trop longs, sinon cela risque de devenir fastidieux et pourrait très rapidement lasser. Il vaut mieux écrire 10 à 15 minutes par jour, tous les jours pendant un an, que 30 à 45 minutes par jour pendant seulement deux ou trois mois. Le bénéfice ne sera pas le même.

On peut choisir de brûler ces feuillets pour, dans un geste symbolique fort, se libérer des pensées et des émotions que ces pages recèlent.

Mesurer le chemin parcouru

Écrire régulièrement ce que l’on ressent, jour après jour, c’est écrire l’histoire de son deuil. Quand, dans plusieurs années, vous reprendrez vos écrits, vous pourrez mesurer tout le chemin parcouru. La relecture s’avère parfois douloureuse, quoi qu’il en soit, elle est toujours féconde : elle permet de réaliser combien le deuil est un processus évolutif, avec des étapes successives. Vous verrez que ce que vous pensiez à un moment donné de votre deuil est peut-être moins vrai aujourd’hui. Vous verrez aussi combien vous avez changé. Vos écrits deviendront alors quelque chose de précieux car ils seront le fidèle témoignage de votre transformation intérieure.

Écrire à la personne disparue

Vous pouvez également écrire des poèmes. Beaucoup de gens en deuil soignent leur peine par la poésie. Même si vous n’avez pas de talent particulier, essayez cette méthode : prenez le nom de la personne disparue : par exemple « Marie » – et à chaque lettre, associez une courte pensée ou un court souvenir. Par exemple : M, comme Maison dans laquelle nous avons connu tant de bonheur… A, comme Amour que nous avions l’un pour l’autre… etc. Sans vous en rendre compte, vous deviendrez poète et vous créerez un nouveau lien avec la personne que vous aimiez

Il arrive aussi que l’écrit s’adresse directement à la personne disparue. Elle permet alors d’entamer un échange apaisant, de dire à l’être aimé ce que l’on n’a pas pu dire, tout particulièrement lorsqu’il est s’en allé brutalement. Engager un dialogue avec lui permet à votre cœur de vous souffler tout ce qui a besoin d’être exprimé, les frustrations, les joies, les peines, les colères… Vous pourrez accueillir certaines blessures, les soigner, les guérir, vous en libérer… Jour après jour, cela contribuera à harmoniser et apaiser votre relation avec lui. Cela atténuera un peu votre peine.

Un temps de partage avec autrui

Enfin, un dernier bénéfice de l’écriture est de donner un support concret pour partager avec autrui. Cela répond au besoin de parler de la personne disparue. Vos écrits deviennent alors le point de départ d’un échange en profondeur sur ce que vous êtes en train de vivre. L’écriture peut également aboutir à une lecture publique (à l’occasion d’un événement familial, par exemple) ou évoluer vers une publication.

En tous les cas, l’acte initialement intime joue alors le précieux rôle de passeur.

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