Perdre un grand-parent
J’avais 35 ans quand mon grand-père est décédé des suites d’un accident vasculaire cérébral. Il était âgé mais il vivait encore chez lui, en quasi autonomie. Il est resté en bonne santé jusqu’à la fin de sa vie, aussi je ne m’étais pas du tout préparé à sa disparition. Nous avions une grande complicité, sa mort m’a longtemps affecté.
Un homme fier et ouvert
Ma grand-mère était décédée quelques années auparavant. Ils avaient vécu plus de 65 ans ensemble, dans leur maison au bourg d’un petit village de campagne. Ils s’entendaient très bien, avaient chacun leurs activités et ne dépendaient pas des autres. Seule une aide-ménagère les aidait pour quelques bricoles à la fin. Après la mort de ma grand-mère, mon grand-père a tenu à rester seul. C’était un homme très volontaire, fier, un battant ! On sentait malgré tout que le goût de vivre s’était un peu étiolé après la disparition de sa femme, rien d’étonnant en même temps après toute une vie passée ensemble. Mais il continuait, sans jamais se plaindre ni trop s’écouter, toujours ouvert aux autres.
La culpabilité de ne pas l’avoir assez côtoyé
Quand j’ai appris sa mort, cela m’a fait un choc. C’était un monde qui disparaissait. Nous n’habitions pas tout près l’un de l’autre et je n’avais pas eu l’occasion de le voir depuis quelques mois. J’ai ressenti de la culpabilité de ne pas avoir été davantage auprès de lui dans cette dernière période de sa vie. Mais j’avais aussi la mienne à construire ! Entre le travail, les enfants, les activités, tout s’enchaine très vite quand on est dans la vie active. Le décès de mon grand-père a été un coup d’arrêt. Je me suis dit qu’il était essentiel de profiter des gens que l’on aime autant que possible, tant qu’ils sont encore avec nous. Ce sont des épreuves comme ça qui nous font réfléchir parfois.
Une partie de mon histoire est partie avec lui
J’ai gardé de la tristesse et une certaine mélancolie pendant plusieurs semaines avant de réussir à voir les choses de façon positive. Il y avait toujours en moi cette part de regret, ce goût d’inachevé. L’impression de l’avoir laissé partir alors qu’il avait encore tant à partager avec nous, d’avoir laissé s’envoler quelque chose avec lui, une certaine part de mon histoire aussi finalement. Au bout de quelques mois, le chagrin s’est peu à peu atténué. Je suis parvenu à voir les choses autrement. Mon grand-père a mené la vie qu’il souhaitait, il a réalisé beaucoup de choses tant au niveau professionnel que personnel et il était surtout entouré de proches aimants. Même si je ne lui ai jamais dit ouvertement, je pense qu’il connaissait l’affection que je lui portais.
Nous honorons sa mémoire à chaque réunion familiale
Aujourd’hui, avec mes parents, ma sœur et mon frère, nous évoquons souvent sa mémoire quand nous nous retrouvons pour des repas de famille. Nous nous remémorons les vacances passées dans la maison de mes grands-parents, les jeux que l’on aimait faire avec eux et tous les échanges que nous pouvions avoir. Mon grand-père avait beaucoup d’humour, il était assez engagé et provoquait parfois des débats enflammés ! Il s’intéressait à beaucoup de choses, notamment à l’Histoire, et voyageait énormément. Mes parents se plaisent à me dire que je lui ressemble et c’est peut-être vrai, nous avons un certain nombre de points communs.
Sa présence est ancrée dans ma vie
Des années après sa mort, je suis heureux de constater qu’il est encore bien présent dans la tête des personnes qui l’ont côtoyé. J’aime entendre parler de lui et y faire moi-même référence dès que j’en ai l’occasion. Je sens encore parfois monter les larmes quand je pense longtemps à lui, mais elles sont plus douces maintenant. Son souvenir m’évoque beaucoup de tendresse et de respect. Je me rends compte que je rêve aussi régulièrement de mes grands-parents. Ils sont ancrés en moi et ont marqué ma vie pour toujours, c’est certain.
Des valeurs transmises d’une génération à l’autre
L’empreinte de mon grand-père est aussi présente dans mes valeurs et celles que j’essaie de transmettre à mes enfants aujourd’hui. Il a eu une grande influence sur l’adulte que je suis devenu. Sa philosophie de vie m’inspire. Il était essentiel pour lui d’exister pleinement, de ne pas se limiter ou s’empêcher de faire les choses qu’il aimait pour une question d’âge bien secondaire. Il était d’ailleurs plus vivant à près de 90 ans que beaucoup de gens plus jeunes ! Sa force de caractère l’a toujours poussé à se dépasser. Je pense que c’est même en m’inspirant de lui que je suis parvenu à avancer dans mon deuil.
Sa façon de voir la vie est un levier dont je me sers désormais pour rebondir. Mon grand-père a contribué à faire de moi une personne résolument tournée vers l’avenir, profitant des moments de bonheur et faisant face aux épreuves que toute existence réserve !
Jean-Baptiste D.
Belgassem
12 Juin, 2023 à 22h25