L’enfant tout-petit en deuil de son frère - Mieux traverser le deuil

L’enfant tout-petit en deuil de son frère

16 mai 2019 Image L’enfant tout-petit en deuil de son frère

Notre fils aîné a été renversé un matin de novembre devant la grille de notre maison. Il avait huit ans. Mon mari et moi avons été dévastés et je me souviens avec quelle attention nous avons annoncé à nos proches la nouvelle de sa disparition. Nous avons pris soin de tous, sauf de notre dernière-née. Nous pensions qu’elle était trop petite pour comprendre et nous nous trompions : notre bébé comprenait tout. À sa manière, bien sûr, mais sa compréhension des événements n’en était pas moins fine et juste.

Mon bébé percevait la tristesse de son père, de sa sœur aînée, et bien sûr elle était consciente de la mienne. Elle me regardait avec une intensité nouvelle et une inquiétude palpable dès que je la prenais dans les bras ou que je l’allongeais pour la changer ou la coucher.

Le petit-enfant ne parle pas, mais il comprend tout

Elle se montrait également agitée quand nous passions devant la chambre de son frère, devant cette porte que nous maintenions désormais fermée. Et en voyant le petit visage inquiet de ma fille, j’ai compris que je me trompais : certes, elle ne parlait pas encore, pour autant, elle avait saisi que quelque chose de grave s’était passé.

La parole a des vertus quasi-magiques

J’ai alors changé mon attitude à l’égard de mon bébé : quand je la tenais dans mes bras et que je sentais sa tiédeur et cette odeur caractéristique des nourrissons, je me laissais aller à certaines confidences. Je lui disais que je voyais qu’elle était triste, et qu’elle aussi voyait que nous étions malheureux, mais qu’elle n’avait rien à voir avec notre chagrin, que nous l’aimions tous de tout notre coeur et que c’était un bonheur de l’entendre gazouiller et de l’avoir avec nous. Ces paroles très simples ont eu des vertus quasi magiques : mon bébé s’est immédiatement apaisé. Aujourd’hui, j’ai à cœur de témoigner de ceci : ce n’est pas parce qu’un petit enfant ne parle pas, qu’il ne comprend pas. Il est au contraire une petite éponge à laquelle rien n’échappe, ni les angoisses de ses parents, ni les paroles rassurantes qui le sécuriseront.

Béatrice C.

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