Notre enfant de 3 ans en deuil de sa mère - Mieux traverser le deuil

Notre enfant de 3 ans en deuil de sa mère

16 mai 2019 Image Notre enfant de 3 ans en deuil de sa mère

Quand mon épouse est décédée, notre plus jeune fils avait trois ans. Il était à cet âge où les enfants découvrent avec curiosité les spécimens d’insectes dans le jardin, se demandant, quand ils sont inanimés, s’ils vont bouger de nouveau ou non. Il était alors trop petit pour comprendre que, quand on est décédé, « c’est pour toujours ». Il pensait qu’en attendant suffisamment longtemps sa maman finirait par rentrer à la maison.

« C’est de ma faute ? »

Sa première réaction m’a déconcerté : mon petit garçon a cru qu’il était responsable de la mort de sa maman ! La veille de l’accident, ils s’étaient disputés pour une broutille et il avait crié « Je ne t’aime plus ! Va-t-en ! », quelque chose d’anodin pour un enfant de son âge et qu’il avait oublié le soir-même, mais qui l’obsédait à présent que sa mère était « partie ». Il était convaincu d’avoir provoqué ce départ et il m’a fallu lui parler un long moment, lui expliquer qu’il n’avait rien à voir avec l’accident, que sa maman n’était pas fâchée que, là où elle était, elle pensait à lui et elle l’aimait, pour que mon fils cesse de culpabiliser.

Il est alors retourné jouer avec une grue en bois que nous lui avions offert quelques jours plus tôt. Il s’est mis à la démonter et à la remonter avec une énergie nouvelle et j’ai pensé qu’il n’avait pas vraiment compris ce qui s’était passé. Il y avait pourtant dans l’énergie qu’il mettait à désarticuler et reconstruire inlassablement ce jouet quelque chose de nouveau, une tension, en quelque sorte, qu’il n’avait jamais exprimée jusqu’alors. Le pédiatre m’a expliqué que l’apparente insouciance de mon fils lui était bénéfique : cette forme de déni lui permettait de mettre de la distance entre lui et une réalité qui lui était insupportable.

Redevenir un bébé

Ce médecin m’a également prévenu que mon fils pourrait faire preuve d’une forme de régression et se comporter de nouveau comme un bébé. Et c’est ce qui s’est passé : lui qui avait eu à cœur de manger « comme un grand » et semblait fier de se servir de sa cuillère refusait dorénavant les repas que nous lui servions et réclamait un biberon de lait. Il a également sorti de son coffre à jouets des peluches et des cubes qu’il n’avait pas touchés depuis plus d’un an. Mais, surtout, comme il ne comprenait pas que maman était partie « pour toujours », il ne cessait de demander où elle était, ce qu’elle faisait, pourquoi elle ne revenait pas, quand elle allait revenir. Et quand je pensais lui avoir apporté des explications satisfaisantes, que je lui demandais s’il avait compris, il opinait et, peu après, posait de nouveau ces questions qui le hantaient.

Je n’étais pas toujours aussi disponible qu’il le souhaitait, car j’avais besoin de me retrouver seul pour vivre mon deuil. J’ai demandé à ma sœur de venir prendre mon fils quelques heures par jour chez elle. Cela nous a été d’un grand secours. Sa tendresse et sa patience ont beaucoup apaisé mon fils.

Sa participation à la cérémonie

Il a participé aux obsèques avec nous. Il a spontanément fait un dessin, il souhaitait le mettre dans le cercueil de sa maman. Nous avons pleuré ensemble. Sa tante était à ses côtés, attentive à ses questions, à ce qu’il pouvait exprimer à demi-mot.

Quelques jours après, nous sommes allés choisir ensemble un bouquet de fleurs pour le mettre sur notre autel à la maison avec la photo de sa maman.

J’ai confiance, je sais que jour après jour, il va grandir dans la chaleur de notre amour. Que la résilience va œuvrer. Bien sûr, dans son cœur il y aura toujours l’empreinte de sa maman disparue. Mais ce ne sera pas une blessure à vie, je sais qu’il pourra transformer cet événement douloureux en une nouvelle profondeur et maturité qui inspirera son existence.

Benoît D.

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2 Commentaires

Pierre SEGURAN

27 Mai, 2022 à 10h34
❤❤❤

Emma

20 Juil, 2019 à 19h04
Ben si, c'est quand même une blessure à vie...mais une blessure qui ne l’empêchera pas de vivre une belle vie...



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